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Credo du paysan (Le)

dimanche 3 août 2008, par J.-C. Raymond


Introduction

Cette chanson est extraite du cahier de chansons d’Edmond Rat. Le présent article comprend les paroles et propose des commentaires et une médiagraphie.

Paroles

Le Credo du paysan


1° Couplet

L’immensité les cieux les monts la plaine
L’astre du jour qui répand sa chaleur
Les sapins verts dont la montagne est pleine
Sont ton ouvrage oh divin créateur
Humble mortel devant l’œuvre sublime
A l’horizon quand le soleil Descend [sic]
Ma faible voix s’eleve [sic] de l’abime [sic]
Monte vers toi, vers toi Dieu tout puissant.

Refrain

Je crois en toi maitre [sic] de la nature
Semant partout la vie et la fécondité
Dieu tout puissant qui fit la créature
Je crois en ta grandeur Je crois en ta bonté
Je crois en ta grandeur Je crois en ta bonté.

2° couplet

Dans le sillon creuzait [sic] par la charrue
Quand viens [sic] le temps je sème a [sic] pleine main
Le pur froment qui croit [sic] en herbe drue
L[’]épi bientot [sic] sortira de ce grain
Et si parfois la grêle ou la tempête
Sur ma moisson s’abattat [sic] comme un fléau
Contre le ciel loin de lever la tête
Le front pencher [sic] j’implore le très haut

3 couplet

Mon dur labeur fait sortir de la terre
De croit [1] nourrir ma femme et mes enfants
Mieux qu’un palais j’adore ma Chaumière [sic]
A ces palais je préfere [sic] mes champs
Et le Dimanche [sic] au Repas [sic] de famille
Lorsque le soir vient tous [2] nous réunis [sic]
Entre ma femme ma fille et mes fils
Le cœur content j’espère en l’avenir.

4° couplet

Si le fléau d’une terrible guerre
Venait un jour s’abattre sur le pays
Pour courir a [sic] la frontière
Je partirais de suite avec mes fils
S[’]il le fallait je donnerais ma vie
Pour protéger et sauver mon drapeau
Et fièrement tombant pour la patrie
Je redirais aux portes du tombeau

Refrain

Je crois en toi maitre [sic] de la nature
Toi dont le nom divin Remplit [sic] l’immensité
Dieu tout puissant qui fit la créature
Je crois, je crois en toi comme a [sic] la liberté (bis)

Paroles de S. & F. Borel, musique de G. Goublier, 1890.

Commentaires

Comment comprendre cette chanson ?

Cette chanson doit-elle être prise au premier degré ? Dans ce cas, elle participerait à l’ambiance de revanche contre l’Allemagne victorieuse en 1870. Le paysan se contenterait de sa position modeste, se complairait dans une soumission simpliste à Dieu et serait près à se sacrifier avec ses enfants en cas de guerre. Le slogan serait : Travail et Patrie. Dans le cas contraire, la chanson devient une satire. Je penche pour la deuxième lecture car la description est trop caricaturale. En conclusion, soit il s’agit de se moquer des paysans ou alors de ceux qui font croire qu’un tel paysan serait un modèle à suivre. Le dernier refrain est, peut-être, le plus significatif. Le paysan trouve sa liberté dans la soumission. Ne serait-ce pas ce que Hegel et Marx désignent sous le nom d’aliénation.

La paysannerie et la Semeuse

Avant la guerre de 1914-1918, la France est un pays avant tout paysan. L’expression semer à pleines mains me rappelle le timbre La Semeuse.

Timbre : Semeuse camée
Timbre : Semeuse lignée

Les philatélistes font remarquer que le timbre de 15 centimes (Semeuse lignée, créée en 1903) comprend deux erreurs :

  • le soleil éclaire la Semeuse de 3/4 arrière-droit mais le personnage est éclairé sur son profil avant gauche. C’est probablement la raison pour laquelle le soleil a disparu sur la version ultérieure sur fond uni qui fut en service jusqu’en 1941.
  • - la Semeuse sème contre le vent puisque la chevelure et les vêtements sont entrainés vers l’arrière.

Faut-il voir dans ces erreurs une méconnaissance du monde paysan car on ne sème pas contre le vent qui s’oppose à la dispersion des graines ? Les erreurs de composition graphiques de l’éclairage ne sont certainement pas dues à une méconnaissance de l’art du dessin. S’il y a accumulations de ces erreurs, c’est amusant et pitoyable à la fois encore faut-il les remarquer !.

Le timbre de la Semeuse lignée doit symboliser la France. C’est normalement un dessin où tout y est significatif :

  • Semer contre le vent revient à semer dans une situation défavorable Contre vents et marées, la République fait front. Quel rapport avec la situation de la France vaincue en 1870 ?
  • Le soleil placé derrière le sujet et ne l’éclaire pas. Le soleil représente-t-il un passé radieux disparu ? Le dessin du corps de la Semeuse ressemble à un négatif photographique
  • La lumière qui vient sur le devant du sujet est contraire à la réalité et reste mystérieuse.
  • La Semeuse marche d’un pas décidé, certes, mais le décor devant elle est vide, borné. L’horizon est restreint la Lorraine et l’Alsace sont perdues. La disparition du soleil sur la Semeuse camée. L’avenir est-il incertain.

Une composition avec une Semeuse marchant vers un horizon ouvert en direction d’un soleil levant eût été bien plus conquérante. Faut-il accorder beaucoup d’importance à mes considérations ? Peut-on penser que cette image ne reflète pas l’époque de sa conception ? Une image ne s’interprète bien que si on connait les conditions de sa création.

Recherches

Vos remarques : (voir rubrique Contact).

Règles de transcription et annotations éventuelles ajoutées au texte de la chanson [3].

Médiagraphie

Bibliographie

  • Gaston Couté, ou la parole aux paysans sur les scènes parisiennes par Élisabeth Pillet, Le Mouvement social n° 160, Paris-Province 1900, juillet — septembre 1992), pages 125 à 146.

Discographie

  • La Bonne chansonLe Credo du paysan, Albert Viau baryton, R. Van de Goor piano, chez RCA Victor à Montréal, Bluebird Series, 78 t/mn, réf. B 1191—A.
  • Chansons célestes (Le Credo du paysan, voix Armand Mestral), chez Marianne Mélodie, réf. MM1931
  • L’Inoubliable André Baugé voix : André Baugé— 20 succès (Le Credo paysan). Détail dont extrait sonore.

Filmographie

  • Credo du paysan par Albert Tessier, édité par Trois-Rivières, 1942, reproduit sur vidéocassette VHS, durée 13 mn à partir du film en 16 mm. Ce film célèbre le Québec du début du 20e siècle. Monseigneur Tessier vante, en accompagnant les strophes de Borel, le caractère simple et profondément croyant du Québec et célèbre les valeurs de l’enracinement, de la langue, de l’attachement à la terre.

Internet

Notes

[1] croit : comprendre quoi.

[2] tous : comprendre tout.

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