lundi 4 août 2008, par J.-C. Raymond
Le hasard m’a fait rencontrer des personnes qui possédaient des cahierts de chansons qu’ils ont bien voulu me confier afin que je puisse noter les paroles des chansons anciennes. Remerciements :
Au verso de chacune des couvertures des cahiers d’Edmond Rat et d’Adolphe Dutartre sont collées des cartes de France. L’Alsace et la Lorraine n’apparaissent pas. On peut être assuré que ces cahiers ont été fabriqués entre la perte de l’Alsace et de la Lorraine après la guerre de 1870 et leurs retours à la France à la fin de la guerre de 1914-1918. Un premier élément fait penser que le cahier de d’Adolphe Dutartre est plus ancien que celui d’Edmond Rat. Seule la carte du cahier de ce dernier est en couleur. L’autre élément est encore plus révélateur mais il faut regarder le réseau des voies ferrées dans le triangle Nantes, Tours et Bordeaux. Bressuire est reliée aux Sables-d’Olonne sur la carte de d’Edmond Rat alors qu’il n’existe rien sur celle d’Adolphe Dutartre.
Nous allons présenter ici les caractéristiques des cahiers que nous avons pu consulter. Ceci permet de montrer l’écriture des auteurs. Celle-ci a évolué. Quelques lettres ont des formes abandonnées aujourd’hui comme la lettre d minuscule comme le montre l’illustration ci-dessous.
D’une manière générale, le papier a jauni et est devenu fragile. Ci-dessus la couleur approchée de l’encre et du papier du cahier de Victor Babault.
On aurait pu penser que la forme d’un cahier restait identique à elle-même au cours des années. Les reliures à spirales n’existaient pas au début du 20e siècle. Les couvertures imprimées étaient souvent spécifiques. Dans le cas d’Edmond Rat, on y trouve ses initiales, une carte des chemins de fer en France. La réglure des pages est la plupart du temps de simples lignes de couleur bleue avec une marge à gauche matérialisée par une ligne rouge. Voir aussi l’article sur les cahiers scolaires dans Antick.
Ce cahier comprend des dessins qui sont faits par copie avec du papier carbone. Quand j’ai eu accès au cahier, une feuille de papier carbone se trouvait encore entre les feuilles.
Exemples de dessins :
Nous savons qu’Adolphe Dutarte est décédé ; à l’âge de 50 ans en 1936. Il a probablement fait son service militaire vers 1907.
La carte ci-dessous, au verso de la couverture, ne comprend pas l’Alsace. Elle correspond aux limites de la France après la guerre de 1870. Une utilisation avant la guerre de 1914-1918 est probable. Aucun tracé de voie de chemin de fer existe entre Tours et les Sables-d’Olonne. Ceci semblerait indiquer que la conception de cette carte soit antérieure à celle du cahier d’Edmond Rat.
Ce cahier est composé de plusieurs feuillets cousus.
La couverture est cartonnée mais souple, de couleur noire avec des lignes légèrement en creux s’entrecroisant pour former des losanges. Le matériau semble une sorte de toile cirée. La photographie à gauche correspond à un carré de 5,1 cm de côté.
Comme écrit plus haut, la couverture comporte en son verso une carte du réseau des chemins de fer français.
La tranche des feuillets est de couleur rouge.
Remarquer la forme de la lettre d minuscule.
Ci-dessous un exemple de titre en écriture gothique qui devait être enseignée jusqu’au début du 20e siècle. Jusque dans les années 1950, les manuels de langue allemande des collèges présentaient certains textes dans cette écriture.
Tous les titres sont écrits ainsi.
Ce cahier a été complètement rempli. Une table des matières occupe les dernières pages du cahier.
Le cahier de Patrice Dutartre ne porte aucune date. On peut supposer qu’il est, à quelques années près, contemporain de celui d’Adolphe Dutartre, donc aux alentours de 1910. D’ailleurs, certaines chansons font référence au cahier d’Adolphe Dutartre.
Le cahiers est composé d’un seul feuillet d’environ 80 pages, reliées par une agrafage central. Les lignes sont matérialisées par des traits horizontaux de couleur bleue, sans marge. La couverture est noire sans motif en creux comme le cahier d’Adolphe Dutartre mais semble être aussi constituée d’une espèce de toile cirée.
Le verso de la couverture contient des réclames (aujourd’hui, on utilise le mot publicité) pour des articles de papeterie et chapellerie, articles de ménage et éclairage.
A remarquer l’article biblorhapte dont la définition est reliure mobile pour manuscrits. La seule indication de marque est TONGIMED. C’est l’anagramme de DEMIGNOT. Maurice-Jacques Demignot (1848-1935) d’abord mercier en gros devint en plus papetier [1]. Ceci explique la réclame pour des articles qui n’ont rien à voir avec la papeterie.
Page de garde du cahier de Patrice Dutartre.
Curieusement, Le cahier comprend 2 cartes :
Les deux cartes semblent identiques. Cependant, elles diffèrent de la carte du cahier d’Adolphe Dutartre. En effet, la ligne de chemin de fer entre Tours et Les Sables-d’Olonne est terminée sur le cahier de Patrice (voir détails ci-dessous) mais ne l’est pas sur le cahier d’Adolphe.
Moins de la moitié du cahier est remplie. Une table des matières listant les chansons se trouve sur l’avant dernières page.
Ce cahier est le plus austère de ceux que nous avons vus. Même les titres des chansons ne sont pas mis en relief.
En fin de certaines chansons est apposé un nom. Celui qui revient le plus souvent est celui d’Adolphe Dutartre au cahier duquel nous avons eu accès et où se trouvent les chansons ainsi notées. Il doit donc s’agir de chansons recopiées. On trouve aussi d’autres noms.
Les dates de constitution de ce cahier sont très précises, la première chanson a été écrite le 1895-11-12, la dernière le 1896-04-29.
Il était composé d’un seul feuillet de 32 pages agrafées, numérotées par le rédacteur de 1 à 32. La page 32 contient la table des matières montre la liste des 13 chansons du cahier qui fait un ensemble complet. Par contre, la couverture manque.
L’écriture est régulière, fluide et facilement lisible. Victor Babault devait écrire souvent. L’encre comme vous l’avez vu est rouge comme dans le cahier d’Auguste Chéret.
Tous les titres des chansons sont présentés sous la forme visible à gauche, avec des caractères de grande taille entourés de points pour donner plus de relief. Cette image a été travaillée pour augmenter la lisibilité et ne donne pas une reproduction exacte des couleurs.
[1] Source : Généalogie de la famille Garrigue